Road trip Mongolie : 8 jours à moto en autonomie !
Road Trip Mongolie
Road trip Mongolie : 8 jours à moto en autonomie !
Road trip en Mongolie : un pays encore si sauvage, si propice à la quête de liberté dans les steppes mongoles et les grands espaces. Quoi de mieux que de tenter l’expérience à moto ?
8 jours en autonomie totale pour découvrir un petit bout de ce pays si gigantesque. Itinéraire, budget et péripéties plus ou moins difficiles, bienvenue dans cette expérience que je ne suis pas prête d’oublier.
La Mongolie, un pays immense niché entre deux colossaux voisins, la Chine et la Russie. À vrai dire, ce pays n’a jamais été en haut de la liste des destinations que je voulais absolument découvrir. Il a toujours attisé ma curiosité, mais pas au point de devenir une priorité. En décidant de rejoindre l’Asie sans prendre l’avion, via le Transsibérien, il allait de soi que la Mongolie serait sur mon chemin à ce moment-là. Arriver dans cette région du monde avec le Transmongolien m’excitait encore plus à l’idée de découvrir ce pays si vaste aux paysages grandioses.
Néanmoins, je voulais le découvrir à la hauteur de son caractère sauvage. C’est-à-dire que je souhaitais l’explorer en totale autonomie. Me perdre dans cette nature brute, dans l’intensité de cette liberté offerte par les vastes plaines mongoles. Mais aussi, dans un sens, me remettre au défi après ma dernière aventure à moto en Asie.
La grande majorité des voyages en Mongolie se font en étant accompagné car il est assez difficile de se repérer dans cette immensité. Mais Bibi est têtue, et veut toujours faire les choses de manière difficile. Je sais qu’il est possible de louer une moto et de partir seul dans cette vasteté. Si certains le font, pourquoi pas tenter l’expérience moi aussi pour ce road trip en Mongolie ?
J’ai connu cette sensation de liberté lors de ma traversée à moto de plusieurs pays en Asie du Sud-Est : le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Ça a été la plus belle expérience de voyage, mais aussi la plus difficile. Lors de la revente de ma moto au Cambodge, je me suis promis de recommencer un jour. La Mongolie était pour moi le pays idéal pour une saison 2. Néanmoins avec un défi supplémentaire : le faire en camping sauvage. Le tout dans un pays moins développé. C’était aussi l’objectif, comme une épreuve de plus à réaliser pour aller toujours plus loin dans mes expériences.
Tu vas le découvrir par toi-même au fil de cet article, on a douillé. Ça a été dur, vraiment. J’ai été dépassée à certains moments, et je dois reconnaître que la Mongolie est à un autre niveau d’expérience à moto. Je ne regrette en aucun cas de l’avoir fait, surtout que nous étions deux. Et heureusement d’ailleurs, mais la difficulté a été différente de celle de mon précédent voyage. Cependant, et encore une fois, ce genre de road trip m’a poussée dans mes retranchements comme je peux aimer en voyage. C’est exactement ce type d’aventure que je recherche avant tout et que je veux transmettre. Clap d’ouverture sur 8 jours de difficultés de road trip en Mongolie, mais aussi de bonheur, dans des endroits complètement isolés de la civilisation, qui font toute la richesse de ce pays.
Sommaire
1. Jour 1 : de biens belles retrouvailles
2. Jour 2 : Les retrouvailles avec la pluie
3. Jour 3 : Une journée montagne russe des émotions
4. Jour 4 : La fatigue prend le dessus
5. Jour 5 : le début de la descente aux enfers
6. La pire journée de voyage de ma vie
7. Jour 7 : retour en ville
8. Mon budget pour un road trip mongolie à moto
9. Mon retour d’experience de ce road trip Mongolie à moto
Road trip Mongolie
Jour 1 : De biens belles retrouvailles
Bienvenue à Oulan Bator !
Du transmongolien à la location de moto
Une arrivée assez matinale à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, depuis le Transmongolien. L’aventure à moto est imminente puisque nous allons prendre un taxi directement après un petit déjeuner à base de cuisse de poulet et d’œuf dur. Nous partons en direction du loueur de motos, situé un peu à l’extérieur de la ville. Le fait qu’il soit en périphérie est bénéfique pour nous. Nous ne connaissons pas la conduite en Mongolie, mais avec mon expérience de la conduite en Asie, je me doute que c’est un peu le même désordre que dans les pays voisins. Pour apprendre à connaitre nos motos, c’est mieux de commencer à les conduire hors du centre.
Il n’est même pas 9 h quand nous arrivons chez « Cheke Tours » pour récupérer nos nouveaux jouets pour 8 jours. Elles sont déjà prêtes, il ne reste plus qu’à finaliser les formalités de base : quelques explications sur la moto, le paiement, ainsi que le matériel de camping. Il y a une nouveauté cette année, et pas des moindres : nous allons dormir en tente dans les lieux les plus isolés de la Mongolie. Alléchant sur le papier, nous sommes à nouveau sur une véritable aventure avec un grand A.
Nous préparons les sacs pour la semaine. Inutile de se surcharger, surtout que nous pouvons laisser des affaires chez Cheke Tours. Je vais donc avoir le sac de vêtements et divers objets, tandis que Titou, mon binôme, va prendre les sacs techniques avec la tente, le réchaud et la nourriture. Une petite heure plus tard, tout est bien packé, il est temps de partir. L’excitation est à son comble.
KM 0, le départ
On prend la route, et il faut tout de même passer par un bout de la ville pour faire le plein d’essence. C’est comme je l’avais imaginé. C’est un joyeux bordel sur la route, mais honnêtement, ça va comparé au Vietnam ou à Bali. Disons que c’est un bordel gentillet.
On prend très vite les motos en main, et place à la liberté. Il faut aussi dire que cette journée est idéale. Il fait beau, il fait chaud. Les routes sont bien entretenues autour d’Oulan-Bator (ça change du Laos), bref, c’est de nouveau cette sensation de liberté que j’avais tant aimée lors de ma première expérience. Rouler en s’éloignant de la ville et voir l’immensité de ce pays encore inconnu se dévoiler est juste incroyable. On ne pouvait pas rêver mieux pour commencer cette aventure, et aussi pour prendre confiance. C’est ce qui est le plus important dans ce genre d’expérience : être à l’aise en prenant du plaisir. Néanmoins, je ne suis pas naïve. Je n’ai plus la « folie du débutant » et je sais très bien que des galères nous attendent, et que nous n’aurons pas des conditions aussi idéales tous les jours. Chaque jour réserve son lot de surprises quand on voyage à moto dans un pays. A voir ce que ce road trip en Mongolie nous prépare.
La pluie des retrouvailles
Et je ne pensais pas si bien dire, à peine quelques heures passées, la pluie se joint déjà à nous. Franchement, il y a pire. C’est agaçant, mais ce n’est pas non plus un torrent qui s’abat sur nous. Il est près de 17 h quand on décide de s’arrêter pour manger, et l’instinct est bon. Dix minutes après s’être installés dans ce petit restaurant local (Am Tsangav restaurant & hôtel), le torrent en question arrive réellement, et il faut reconnaître qu’on est plus que contents d’être au chaud avec notre montagne de pâtes.
Après avoir mangé, on décide de jouer la carte de la prudence. Certes, il ne pleut plus quand on repart, mais le ciel reste menaçant. On décide de chercher un hôtel au bord de la route avant de rejoindre notre première destination. De plus, on a passé la nuit précédente dans le train avec un réveil à 5h30, et tu sais tout comme moi que la plupart des nuits en tente ne sont pas 100 % régénératrices. On préfère repartir en pleine forme le lendemain matin.
Nous trouvons donc un hôtel en bord de route. Assez sommaire, il faut l’avouer. Une chambre, deux lits avec des matelas quasiment inexistants, et SANS salle de bain. C’est embêtant, car c’était aussi l’un de nos arguments principaux pour choisir un hôtel : avoir une salle de bain, surtout après en avoir manqué dans le Transmongolien. On décide de rester quand même en se disant que c’est toujours mieux d’avoir un toit sur la tête, mais honnêtement, on a regretté. Pas de toilettes, une chaleur étouffante dans la chambre toute la nuit… On aurait clairement été mieux dans la tente vu l’hygiène inexistante !
Tu peux te demander pourquoi nous n’avons pas cherché un autre hôtel ? En Mongolie, les hôtels en dehors des villes sont quasiment inexistants. Autant te dire que quand tu tombes sur un « hôtel de route », tu le gardes, car le prochain n’est sûrement pas à 5 minutes. Nous avons donc opté pour cet hôtel proche de la route et juste à côté des vastes steppes.
Nous nous sommes d’ailleurs « consolés » en allant jouer, comme des gosses, dans les steppes avec nos motos. Autant te dire que c’était incroyable. Rouler sur ces grandes plaines, c’était littéralement comme si nous étions dans le fond d’écran Windows à perte de vue. C’est à ce moment précis que nous avons compris ce qu’était un vrai road trip en Mongolie, et la sensation que cela peut procurer.
La première journée était un 10/10 malgré l’hôtel sommaire, en espérant que ça continue ainsi.
Spoiler alert : non.
Fin du jour 1 : 138 km
Tous les prix annoncés sont par personne. Ils ont été divisés par deux à chaque fois. *
Infos importantes
- Il est possible de louer des motos chez « Cheke Tours » dans la ville d’Oulan-Bator.
- Le prix total de la location de 2 motos pour 8 jours, avec tout le matériel technique pour le camping sauvage (tente, tapis, duvet, réchaud) : 1 129 000 tugriks. Soit environ 300 €, donc 150 € par personne pour la totalité du trip.
- Repas du jour (petit déjeuner et dîner) : 8,8 €
- Petit déjeuner : 4 €
- Dîner au Am Tsangav restaurant & hôtel : 4,8 €. Simple et très copieux, ils ne plaisantent pas sur les quantités.
- Courses pour camping + pharmacie : 4,7 €
- Carte SIM : 3000 tugriks LA carte SIM. C’est rien : 0,80 cts.
- Bon, en même temps, en dehors d’Oulan-Bator, tu n’as jamais de réseau 70 % du temps, on comprend mieux le prix 😂
- Hôtel : 13,2 €. PAR personne, car aussi étonnant que cela puisse paraître, les hôtels sont « chers » en Mongolie dès que tu sors de la capitale. Surtout pour ce que c’était dans celui-là. Quand je te dis que la tente aurait été mieux, c’est réel haha.
- Je n’ai pas le nom de l’hôtel, il n’est meme pas sur google maps et aucun nom sur la devanture, mais tu rates rien.
- Il est possible de louer des motos chez « Cheke Tours » dans la ville d’Oulan-Bator.
Road trip Mongolie
Jour 2 : les retrouvailles de l'horreur avec la pluie
Le retour des galères
Hier, c’était les retrouvailles avec le bonheur : la chaleur, le soleil, et la légèreté d’un voyage en moto. Comme on peut les connaître quand les éléments naturels sont avec nous. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse. Après une nuit pas du tout régénératrice dans un hôtel, il est temps de prendre la route en direction de Karakorum, l’ancienne capitale de la Mongolie. Nous atteindrons notre étape d’ici la fin de la journée, ce qui est en soi une réussite, mais cela a été une véritable galère.
Au petit matin, le ciel est menaçant, et nous prenons la route en direction d’un restaurant de bord de route. Le principe des routes mongoles est assez simple. De longues lignes droites au milieu des steppes t’emmènent d’un point A à un point B, et de temps en temps, il y a des sortes d’aires d’autoroute où tu peux trouver une cantine et un supermarché pour te ravitailler. Parfois, il y a un hôtel et, bien évidemment, toujours une station-service. Ensuite, il n’y a RIEN jusqu’à la prochaine aire d’autoroute ou la ville que tu souhaites rejoindre. Autant te dire que, quand tu en vois une, tu t’arrêtes pour refaire le plein de tout.
Le ventre plein de riz et de viande (si tu es végé, bon courage ; il y a énormément de mouton dans chaque plat), il est temps de reprendre la route, et il commence à pleuviner. Ça, c’était pendant les 5 premières minutes. Au bout de 10 minutes, on s’est pris de la vraie pluie, et ce pendant 90 km : un BONHEUR ! Oh bah, c’est simple, tu subis tout le long de la route. À te demander si c’est vraiment une bonne idée d’avoir choisi ce mode de transport.
Et autant te dire qu’on n’est pas sur les températures du Cambodge : un petit 60 km/h sous la plui, et tu es frigorifié mon petit pote. Cerise sur le gâteau : pas de visière sur mon casque, autant te dire que ça pique littéralement le visage. Le point positif, c’est qu’on est dans l’authenticité pure et dure. Première pause au bout de 93 km. On entre tout dégoulinant dans un petit restaurant familial pour se réchauffer. La famille nous offre une spécialité, un lait chaud assez salé. Je dois t’avouer que c’est assez spécial, mais honnêtement, sur le coup, ça fait l’affaire. On veut juste se réchauffer et reprendre un peu nos esprits après le déluge qu’on vient de se prendre en pleine face. C’est donc ça un road trip en Mongolie pluvieux.
Le retour des émotions, rien n'a changé
Le bonheur fut de courte durée puisqu’il faut déjà repartir. Ça ne sert à rien de rester bloqués ici, autant arriver le plus vite possible à destination. La pluie est plus calme, mais toujours présente. Repartir après s’être réchauffés, tout en étant encore mouillés, je peux t’assurer que c’est encore piiiiire, mais bon !
Ce qui est fou dans cette galère, c’est que je retrouve exactement toutes les émotions connues 1 an et demi plus tôt, avec les mêmes changements d’humeur. Tu passes du questionnement pour la suite de l’aventure à l’agacement, puis à la « déconnexion » totale pour avancer le plus possible, à l’acceptation en faisant le vide, à l’énervement face aux automobilistes qui peuvent te frôler en roulant de façon très grossière… Et enfin, ma sensation préférée : la fierté d’être entrain de le faire, la rage d’arriver à destination et d’avoir « vaincu » les éléments. Celle-ci, elle est incroyable mon petit pote.
On fait plusieurs pauses dans la journée avec Titou, et à chaque fois, on tente d’extérioriser comme on peut. Sur ce trajet, c’est avec de l’humour. Le plus beau, c’est quand on a passé l’orage et qu’on s’arrête pour « fêter » la fin de la tempête, en lui criant dessus qu’on a réussi et qu’on a gagné contre lui. Craquage ? Complet, mais crois-moi, on a douillé 😂
Il nous reste 50 km. Autant te dire, peanuts après ce qu’on vient de traverser, et à partir de ce moment-là, c’est de nouveau « presque » du bonheur. Bon, on est toujours tout mouillés et on a froid, mais c’est du luxe comparé à quelques heures auparavant.
Fin de journée, et 230 km parcourus, nous voilà à Karakorum. Une nouvelle fois victorieux de cette deuxième journée. Ça n’a pas changé, un trip en moto, c’est toujours aussi intense.
Pour fêter l’arrivée, on décale encore au lendemain la nuit sous la tente. Vu notre état, autant te dire qu’on n’a aucune envie de dormir à la belle étoile, on n’arrivera pas à se réchauffer sans douche, et surtout, on a désormais deux nuits dans les pattes assez compliquées. On va donc se faire plaisir avec un hôtel grand luxe pour nous à ce moment-là. Pourquoi ?
Parce qu’il y a une salle de bain commune. À ce moment-là, dans notre tête, on est au Hilton du coin, je peux te l’assurer. Une fin de journée tranquille à visiter le musée de la ville, et un repas au chaud à l’hôtel. Le bonheur, de nouveau.
Total : 366 km au J2
Infos importantes
- Repas du jour : 11,5€
- Petit déjeuner : 3,7€
- Diner : 7,8€
- Cafés du jour pour se réchauffer : 5,3€
- Supplément lait salé spécialité : 0,20 cts
- Essence : 6€
- Kharakhorum Museum : 5,3€
- Nuit hôtel avec petit déjeuner : 20€
- Nom de l’hôtel (qui est très bien) : Kharkhorin Hostel & Restaurant
- Le restau est aussi au top, fonce.
Total de la journée : 48,1€
Road trip Mongolie
Jour 3 : Une journée montagne russe des émotions
Visite de la ville et des incontournables
Le monastere à ne pas louper
L’heure est à la découverte de Kharakhorum. Après en avoir appris plus sur l’histoire de la Mongolie la veille (qui a d’ailleurs une très riche histoire), il est temps de découvrir the place to be de Kharakhorum : le monastère d’Erdene Zuu.
Point culture
Le monastère d’Erdene Zuu est l’un des plus anciens et des plus importants monastères de Mongolie. Il a été construit en 1586 sur le site de l’ancienne capitale mongole, Karakorum. Fondée par Gengis Khan, ça a été un célèbre chef militaire et fondateur de l’Empire mongol au XIIIe siècle. La famille Khan a régné sur un empire qui s’est étendu de l’Asie centrale à l’Europe de l’Est, faisant d’elle l’une des dynasties les plus puissantes de l’histoire. Voilà pourquoi je te dis que la Mongolie a un passé richissime et qu’elle a été un peu le centre du monde à une certaine époque 😬.
Le monastère est entouré de 108 stupas, un nombre sacré dans le bouddhisme symbolisant les enseignements de Bouddha. Bien que le site ait été partiellement détruit lors des purges communistes dans les années 1930, une partie de l’édifice a survécu. Aujourd’hui, il est à la fois un site spirituel pour les bouddhistes mongols et une attraction touristique majeure. Il incarne le riche patrimoine historique et culturel de la Mongolie.
Je te conseille vraiment de commencer par le musée d’histoire (la visite est en plus guidée) et d’aller voir le monastère après. Le but est de comprendre un peu plus ce pays à la culture méconnue et pourtant si grande. Situé en plein centre, tu peux aller te balader dans l’hypercentre qui est assez touristique. Néanmoins honnêtement tu fais aussi très vite le tour.
Bien évidemment, la ville est entourée de steppes. Vu le beau ciel bleu et une bonne nuit réparatrice, il ne nous en fallait pas plus avant de prendre de la hauteur pour découvrir la ville et de nous amuser avec nos bolides sur les hauteurs. Encore un moment incroyable qui représente parfaitement l’image que j’avais d’un road trip en Mongolie.
Entre la journée d’hier, où l’on a eu froid et où la pluie a été omniprésente, et le début de journée d’aujourd’hui, où le soleil tape sur notre peau, c’est un autre monde. Encore une fois, dans ce pays, tout va très vite. Et je ne pensais pas si bien dire pour la suite de la journée.
On a été trop gourmand et rappelé à l'ordre
On décide de partir à proximité de la ville pour continuer de s’enfoncer encore plus dans les steppes. On prend la route pendant une dizaine de minutes avant de bifurquer vers des steppes plus éloignées, plus sauvages. C’est magnifique. Sans déconner, le visuel est juste dingue, et on ne peut rêver mieux que ce genre de paysage avec la moto.
L’adrénaline est au plus haut et, bien évidemment, on décide de partir toujours plus loin. On découvre des yourtes au milieu de nulle part. Ce n’est pas plusieurs, c’est une, de temps à autre. Les chemins deviennent de plus en plus étroits, mais ça finit toujours par passer. Ça grimpe aussi de plus en plus, et donc ça devient beaucoup plus technique pour gérer les motos. Tu vois arriver la connerie ?
On monte toujours plus. On quitte de plus en plus les chemins, et honnêtement, ça devient assez dur. Ce qui devait arriver, arriva : j’ai bloqué ma moto sur une sorte de flanc de montagne. Elle est lourde, et mon petit gabarit peine de plus en plus. Après quelques minutes bien flippantes, j’arrive à me dépatouiller de mon bourbier avec une séance de sport beaucoup trop physique. Supplément une brûlure au mollet avec le pot d’échappement, mais ça, c’est le karma d’avoir fait la maligne en allant je ne sais où. Moi qui croyais être dans un bourbier, en continuant de monter après ma péripétie et en ayant perdu de vue Titou, je me rends compte qu’il est dans un pire bourbier que le mien 😂
Il a bloqué sa moto entre deux arbres qui la tiennent. Littéralement, sinon elle tombe. Nickel. Bref, on a joué, on a perdu, et après un bon moment stressant où on a bien sué, on a réussi à débloquer sa moto. Après de nombreuses galères, on décide de rebrousser chemin et de faire machine arrière.
À vrai dire, on a voulu traverser cette montagne car dans les coins un peu reculés en Mongolie, les yourtes ont des chiens de garde. Ce sont de VRAIS chiens de garde. Sans déconner c’est des radars sur pattes. Ils te voient arriver à une centaine de mètres dans le périmètre de leur yourte, et ils ont une seule mission : t’aboyer dessus et te foncer dessus. Je peux t’assurer que ça fait tout drôle quand tu vois un colosse t’arriver dessus et surtout : PUTAIN QU’ILS COURENT VITE 😂
On a été poursuivis par un chien sur le chemin avant cette montagne, et je n’ai jamais autant accéléré de ma vie pour ne pas qu’il me chope le mollet. Tu le vois arriver au dernier moment comme un fou, je t’assure que ça fait tout drôle, et on ne voulait pas revivre ce moment haha.
Mais après coup, le chien est moins dangereux que la montagne. Bref, j’en parle avec de l’humour, mais on a bien flippé. Et surtout, on a eu énormément de chance de s’en sortir sans encombre. Vraiment, ça aurait pu prendre une tournure vraiment pas cool, et sur le coup, il faut reconnaître qu’on a été inconscients et qu’on a pris la confiance trop vite. Ne sors JAMAIS des chemins, aussi petits soient-ils. Vrai conseil.
Et surtout, ouvre bien les yeux si tu te balades en moto dans les steppes et que tu t’approches des yourtes : il y a forcément des chiens pas loin, et crois-moi, ils veulent en découdre mdrrr.
Direction le plus bel endroit du trip
Après ces péripéties de balade, il est déjà 15h. Sauf qu’on a de la route pour atteindre le spot. Mais quel spot, mon ami. On ne le sait pas encore, mais l’endroit est totalement fou. C’est d’ailleurs à cet endroit que nous allons réaliser notre première nuit en camping sauvage lors de ce road trip en Mongolie
Nous avons environ 110 km pour arriver à notre spot de rêve. D’après Google Maps, la première partie de 36 km est fluide. Dans un road trip en Mongolie, quand les routes sont faites, elles sont nickel. Tu peux être tranquille là-dessus.
Néanmoins, les 75 km restants, le GPS annonce 2h30 de route. À ce moment-là, ça me rappelle le Laos et je sais que ça va être coton ce qui nous attend haha. C’est certain qu’on ne va pas avoir une route normale. J’ai trop vécu de moments similaires au Laos pour comprendre que ça ne va pas être 75 km de bonheur, et on est déjà bien entamés par nos sottises précédentes. Bref, je te présente les malins du jour 😂
Des galeres pour arriver au paradis
Pas loupé, nous sommes face à 75 km de chemin, de poussière, de rivières à traverser (ça, c’est nouveau), mais surtout beaucoup, beaucoup de camions car la route est en travaux. Honnêtement, on n’a aucun plaisir, et c’est dangereux. Être bloqués derrière d’énormes camions en pleine poussière, ça me rappelle des souvenirs que je n’apprécie pas du tout et je ne prends aucun plaisir. On finit tout de même par le faire, en traversant des chemins de sable avant d’arriver dans un petit village et de reprendre un peu nos émotions. On est bien loin des routes clean qu’on avait depuis deux jours avec certes de la pluie, mais on n’avait pas à s’inquiéter de l’état de ces dernières. Encore une fois, je revis toutes les émotions de l’année précédente où tout va trop vite. Du bonheur à l’enfer en quelques secondes, cette journée est un véritable parcours de montagnes russes. Cependant, elle va se terminer sous le signe du bonheur, et intense cette fois-ci.
Les derniers kilomètres seront juste incroyables, on est de nouveau sur une steppe peu dangereuse avec en prime un sunset en fond. On roule à toute allure dans cette steppe rassurante, des chevaux sur le côté, quelques yourtes ‘touristiques’, c’est MAGNIFIQUE. L’image est incroyable et toutes les galères du jour sont oubliées par ce paysage tout droit sorti d’un film où nous sommes les principaux acteurs. À ce moment-là, encore une fois, je n’échangerais ma place pour rien au monde, même avec les galères vécues auparavant. On vit un rêve éveillé, et on en est presque à se dire que toutes les galères valaient le coup pour découvrir ce véritable paradis sur terre.
On finira la journée à planter notre tente aux alentours de cette cascade, lieu que l’on avait prévu d’atteindre. Un cadre de rêve, avec une adrénaline au plus haut, dans un lieu absolument magique rien que pour nous à la fin de la journée. Et sans la moto, on ne l’aurait jamais vécu. Encore une fois.
Total : 428 km au jour 3
Infos importantes
- Musée dans le monastère : 2€
- Essence : 6€
- Repas du jour : 9,1€
- Déjeuner : 5,3€
- Repas du soir : 3,8€
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Jour 4 : La fatigue prend le dessus
Le retour de la pluie
Réveil dans ce lieu paradisiaque, mais il faut reconnaître que la journée d’hier a laissé des traces. Les courbatures des mésaventures de la veille sont bien présentes, et on ne peut pas dire qu’une nuit dans une tente est régénératrice à 100%. Néanmoins, le cadre est toujours aussi beau, et on en profite même pour aller découvrir un bout de la rivière un peu plus loin pour tenter de se baigner. Ne t’attends pas à une eau à 30° pour patauger, elle avoisine plus les 18° hahaha, impossible pour moi.
En fin de matinée, il est temps de reprendre la route inverse. Le temps est à nouveau menaçant. Pas loupé, on aura eu un peu de pluie toute la journée. Pas à un stade comme on a pu vivre au tout début du séjour, mais des averses plus ou moins fortes de temps à autre. Autrement dit, on a fui la pluie toute la journée pour ne pas se prendre l’orage qui tournait pas très loin de nous mais des fois c’était plus rapide que nous haha. La fin de journée arrive avec une pluie beaucoup plus intense dans un petit village du nom de Khujirt.
La pluie se calme, mais il faut avouer qu’on est en KO technique, et je pense avoir attrapé un petit truc au vu de mon état. Le choix de prendre un hôtel se fait assez vite, mais encore une fois, il n’y a vraiment pas grand-chose à proximité. Si on prend un hôtel, c’est pour avoir un minimum de confort. Par confort, on entend une douche, peu importe son état, mais une douche chaude. On est mouillés, on a froid, et dans un état de fatigue avancé, on n’a clairement pas la force de ne pas prendre de douche pour se réchauffer. Honnêtement, on commence à arriver à la limite de ce que l’on peut endurer lors de ce road trip. La solution sera le seul « vrai hôtel » du coin, qui est un « hôtel de luxe ».
Avons-nous payé 50 € CHACUN la nuit pour accéder à une douche ? Totalement. On a hésité, car pour le pays c’est un prix exorbitant, mais honnêtement, on est à bout de force. Etant donné qu’il nous reste pas mal d’heures de route, il faut qu’on ait une bonne nuit de sommeil et de récupération pour la suite. Bref, nous voici donc dans un hôtel 4* dans un état pitoyable. Un gros trou dans le budget, mais on est en pantoufles et en peignoir pour se rendre au restaurant de l’hôtel, et ça, c’est du luxe.
La chambre fait du bien, la douche aussi, mais c’est cher pour ce que c’est honnêtement. Les hôtels lors d’un road trip en Mongolie, c’est clairement une arnaque hahaha, mis à part celui de Kharakhorum qui valait à peu près la gamme de prix du pays.
Total : 506,8 km au jour 4
Infos importantes
- Essence : 5,1€
- Repas du jour (ville à cote de l’hôtel) : 4,8€
- Nuitée dans l’hôtel de luxe qui n’est pas luxe à ce point : 50€
Total de la journée : 59,9€
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Jour 5 : Le début de la descente aux enfers
Ça avait bien commencé
Après une belle nuit de 13h (oui, on avait clairement besoin de sommeil), il est temps de repartir à l’aventure ! Aujourd’hui est une nouvelle journée costaude. On a beaucoup de route pour rejoindre les abords d’un monastère afin d’y passer la nuit.
Le temps n’est pas radieux, mais il ne pleut pas et ce n’est pas menaçant. Autant te dire que c’est la fête au village dans nos têtes ! Petit déjeuner dans notre Hilton de campagne, et nous voilà donc repartis de plus belle. L’humeur est aussi meilleure grâce à ce repos, et ça fait du bien au moral. Nous faisons quelques courses pour la prochaine nuit, car elle sera à la belle étoile, perdus quelque part dans ce pays qui nous fait vivre tant d’émotions et qui nous met tant en difficulté.
Une petite portion de route goudronnée et nous voilà de nouveau perdus au beau milieu des steppes mongoles. Encore une fois, c’est beau, et on se régale avec nos bolides qui vont à vive allure sur un chemin que l’on gère de mieux en mieux. À ce moment-là, on adore de nouveau cette aventure si unique. Les steppes au loin, un relief de dingue, il y a même une course de chevaux en parallèle. Les cavaliers passent à toute allure, le paysage est incroyable.
Tout était d’ailleurs trop beau, et ce qui ne m’était jamais arrivé m’arriva. J’ai fait ma première chute quelques kilomètres plus loin. Hip hip hip hourra ! 😎
À vrai dire, je le prends hyper bien car j’ai su d’avance que j’allais tomber et que je ne pourrais pas y échapper. Explication.
Titou est devant, sur un chemin assez plat, classique. Pas dangereux du tout. Pas dangereux, mais il se prend une petite mare de boue qui ne se voit qu’au dernier moment. Je vois sa moto et surtout sa roue arrière qui part littéralement en roue libre. Le bougre par je ne sais quel moyen, tient debout. Sauf que Bibi, qui arrive derrière à la même allure, sait très bien qu’elle va y passer.
Tout va très vite, mais je sais que si je donne un coup de guidon pour l’éviter, je tombe (je suis vraiment trop près). Si je donne un coup de frein, je dérape. C’est certain. La seule solution pour tenter de pas tomber est de garder cette allure, de foncer dedans et de voir si ça passe. C’est pas passé. 😂
Je m’éclate au sol sur ma jambe gauche. Comme dit précédemment, je l’ai vu arriver et je ne pouvais rien faire, c’est le risque dans ce type de chemin. La jambe a pris un coup, mais rien de grave. La moto n’a rien non plus et, honnêtement, sur le moment, c’est le plus important pour moi. On reprend la route, on continue de rouler dans des lieux toujours aussi sympathiques. Quelques kilomètres plus tard, un petit arrêt en ville se fait pour notre repas de midi.
Le reste de la journée sera encore une fois à gambader dans les plaines. Néanmoins, à un certain moment, c’est juste plat. Il n’y a plus rien autour, et là, c’est assez compliqué de s’extasier devant le paysage. Mentalement, ça devient plus compliqué en fin de journée. Personne à proximité, c’est juste le néant. Je ne pensais pas le dire avant ce road trip en Mongolie, mais je dois avouer que ce côté « vide » a été assez compliqué à gérer pour moi. J’y reviendrai plus tard.
On tire le plus possible pour atteindre le monastère qui ne se situe plus qu’à 40 km. À ce moment-là, la fatigue reprend le dessus, et celle-ci, je ne l’avais pas vue venir. Une nouvelle chute pour Bibi.
Cette fois-ci, on ne le prend pas bien hahaha. Ma moto dérape sur des cailloux et je fais exactement la même chute, mais de l’autre côté. Pratique : je n’abîme pas plus la première, moins pratique : les deux gambettes sont fragilisés.
À ce moment-là, je décide de m’arrêter. Je sais très bien que si je suis tombée, c’est à cause de la fatigue accumulée. J’ai manqué de concentration. J’aurais très bien pu éviter cette chute, mais la fatigue et le fait de vouloir accélérer pour arriver plus vite m’ont joué des tours.
Une nuit au milieu de nulle part. Littéralement. On est seul au monde sur une vaste plaine à des centaines de kilomètres à la ronde. Il faut savoir qu’on commence à entrer dans l’immense désert de Gobi, ce qui explique le néant. On a des moutons comme voisins, et c’est tout. C’est fou et impressionnant à la fois. On se demande même ce qu’on fait là, tellement l’endroit où nous sommes est perdu.
Je déteste cette moto en fin de journée (et il faut dire qu’avec deux chutes dans la journée, mine de rien, je perds confiance), mais encore une fois, sans ce type de transport, je ne serais pas là. Au milieu de nulle part, à vivre un moment fou avec l’un de mes meilleurs amis. Je ne peux pas dire que c’est beau là où nous sommes. À vrai dire, ça n’a rien de fou, mais c’est l’ambiance et le contexte qui sont fous. Encore une fois, on va s’en souvenir toute notre vie, et ça, ça n’a pas de prix en voyage. L’expérience est folle, difficile, mais incroyable en nous poussant à nous dépasser, c’est certain.
La nuit sera, tu t’en doutes, difficile avec le retour de la pluie. Mais aussi à cause de mes jambes qui se vengent de ce que je leur ai fait endurer plus tôt dans la journée. On est clairement pas sur la nuit idéale. La sortie de la zone de confort est à son maximum. Objectif réussi haha.
Total : 717,6 km au jour 5
Infos importantes
- Repas du jour : 11,4€
- Une journée au milieu de nul part qui nous coute quedal
Total de la journée : 11,4€
Road trip Mongolie
Jour 6 : La pire journée de voyage de ma vie
Too much drama ? Et pourtant, je peux t’assurer que non haha. Quelle journée mon ami. Pour rien au monde je ne voudrais la revivre. Et je pèse mes mots.
Après une nuit plus que difficile, autant te dire que le moral n’est pas bon pour reprendre la route. C’était marrant deux minutes d’être au milieu de nulle part, mais là, ce n’est plus drôle (je t’écris comme je le ressens sur le moment). Dans ma tête, c’est : on voit ce foutu monastère et on rentre. C’est simple, je n’y arrive plus. Je dois avouer pour la première fois que c’est trop dur et que j’ai vu trop grand. Je ne suis pas capable de faire la Mongolie à moto comme j’ai pu réaliser la boucle Vietnam – Laos – Cambodge.
C’est différent. Plus sauvage, plus lugubre… et je ne prends pas de plaisir. Ce qui me rassure, c’est que Titou est aussi fatigué. Heureusement. On est dans le même bateau. Je ne suis pas la seule à en baver dans ce trip qui nous dépasse. Je suis aussi bien consciente que les deux chutes n’ont pas aidé.
On range la tente et on part en direction de ce monastère. Pour ne rien arranger, la route a été d’une galère sans nom pour le trouver : beaucoup de sable, on roule lentement en dérapant sans arrêt, c’est physiquement et mentalement épuisant. La matinée passe, et ça confirme le fait que je veux rentrer. Je capitule, je suis arrivée à bout de ce road trip en Mongolie
On est en accord total avec Titou, on décide de rentrer à Oulan-Bator un jour plus tôt. Autrement dit, au lieu de s’enfoncer encore plus dans le désert mongol, on reprend la route en direction de la capitale. On en est encore loin, mais ça me fait du bien au moral de savoir qu’on va rentrer et que cette histoire va se terminer.
Après le monastère, où il faut avouer que je n’avais rien à secouer de le découvrir. C’est aussi ça le voyage, de temps à autre. Bref, n’oublions pas qu’on est toujours au milieu de nulle part, et le but est de rejoindre l’une des routes principales (c’est-à-dire en goudron) pour accéder à une ville où nous allons dormir. On prendra la route pour Oulan-Bator le lendemain.
Cette route en goudron, qui ne paraissait pas très loin, a été impossible à trouver. Je n’ai jamais vécu une journée d’enfer comme celle-ci. C’est simple, on s’est perdus dans le désert mongol. On a roulé 8 heures non-stop au milieu de nulle part, sans rien autour. Quand je te dis rien, c’est rien. Même pas des animaux. Ah si, pardon, des bouts squelettiques de certaines bêtes. Nickel mdr.
À chaque fois qu’on passait une nouvelle colline, il n’y avait rien. Sous 30 degrés, on a cru devenir fous. C’était hallucinant cette sensation de rouler dans un paysage qui ne change pas. On avait l’impression de faire du sur-place. Mentalement, ça a été un cauchemar. Ne pas voir d’évolution de paysage pendant des heures et des heures était épouvantable. Autant te dire que là, il n’y a même pas eu une once de plaisir. On a subi, on a vraiment cru ne pas retrouver la route. On n’a rien mangé de la journée car on ne savait pas où on allait. On se perdait, encore et encore. De temps à autre, la peur s’emparait même de moi en me demandant réellement si on allait retrouver de la civilisation avant la nuit haha. Le GPS nous indiquait tout et n’importe quoi, et on n’avançait littéralement pas sur notre carte. Un cauchemar éveillé, pas d’autre mot.
Le divorce avec la moto
Petit retour en arrière :
Dans toute cette journée cauchemardesque, en fin de matinée, avant l’horreur de tout ça, je suis tombée. Et cette fois-ci, je me suis fait mal. En roulant à une allure normale sur un chemin plat sans rien autour (bref, comme d’habitude), il y a eu comme une mini-tranchée que je n’ai pas vue. Je la vois au dernier moment, et si je la prends, clairement, je fais mal à la moto et à moi aussi. Je freine d’urgence, la moto dérape et bam, la tête dans le sol encore une fois. Sauf qu’à ce moment-là, c’est la troisième chute, dont la deuxième sur la jambe gauche, avec le guidon qui tombe bien sur ma cuisse. Sur le coup, cette fois-ci, j’ai mal. Et pour cette chute, je me suis fait peur. T’imagines le moral après ça 😂
C’est à ce moment-là qu’on enchaîne ce que je viens de te raconter : 8 heures dans le désert à rouler sans savoir où aller, sans aucune vie autour… L’enfer, tout simplement. Je suis passée par toutes les émotions possibles en extériorisant comme je le pouvais avec pleins de manières différentes.
En parallèle, je ne sens plus cette moto. Honnêtement, je sens qu’elle glisse pour rien. Sur le moment, je ne cherche pas forcément d’excuses pour les 3 chutes précédentes (ou peut-être de façon inconsciente), mais je ne comprends pas comment j’ai pu tomber lors des deux dernières. Je ne roulais pas de façon imprudente, je ne prenais pas de risques, mais je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.
Cette réponse à ma question, je vais l’avoir en fin de journée, vers 19h, sous un magnifique coucher de soleil. Plus le temps avançait dans l’après-midi, plus je roulais avec une peur grandissante. Toute l’après-midi, j’ai eu l’impression de déraper. Après trois chutes, je peux t’assurer que ça n’aide pas de sentir sa moto glisser au moindre changement de terrain avec des graviers, de la terre, du sable, etc. J’ai avancé avec la peur au ventre toute l’après-midi. En fin de journée, sur une route sablonneuse, c’est devenu impossible. La moto dérape trop. Ce n’est pas possible que je sois devenue aussi nulle (c’est ce que je pense sur le moment haha).
Tu m’étonnes que je sentais qu’elle glissait. Le pneu arrière est à plat. Bien évidemment. Il va faire nuit dans même pas une heure et je suis à plat, toujours au milieu de nulle part. Délire, comme cette journée veut nous anéantir haha.
Titou essaie de changer la roue, mais c’est trop difficile. C’est à ce moment-là que je fais le lien avec tout. Ma glissade d’hier soir, celle de ce matin, et le manque de confiance sur ma moto toute la journée : c’est la roue qui se dégonflait. J’en suis persuadée, depuis hier elle se dégonfle. Ça veut aussi dire que c’est un petit trou. On prend donc la décision de ne pas changer la roue. De toute façon, on n’y arrive pas. On a une petite pompe, on la regonfle et on roule tant qu’on peut.
Logiquement, on n’est pas loin de la route. En tout cas, c’est ce qu’on se dit.
On espère Bobby, ça fait 8h que tu roules.
On l'a fait !
Titou prend le relais et décide de prendre ma moto (des potes comme ça ou rien, ayez un Titou dans votre vie). Je prends la sienne et là, la différence est stupéfiante. C’était clairement ma roue qui m’a causé toutes les péripéties. Je roule de nouveau à allure normale et Titou gère vraiment, arrivant à me suivre avec une moto à moitié à plat. On va regonfler la roue deux fois avant de voir la route. Je te jure qu’à ce moment-là, on aurait pu pleurer en la voyant. 8 heures qu’on la cherche sans réussir à la trouver. On est les plus heureux car ça veut dire qu’on n’est plus très loin d’une ville censée être à quelques minutes de la route.
On finit par trouver la ville avec un hôtel plus que sommaire, mais sur ce coup, on s’en fiche. On est tellement contents (et rassurés, on ne va pas se le cacher) d’être en ville sans aucun encombre, ou presque. Ma jambe me fait mal et je dois reconnaître que je boitille bien comme il faut. Je ne me suis pas ratée mais sur le coup, je suis vraiment trop contente d’être arrivée. Une seule étape et nous serons enfin à Oulan-Bator. Il va falloir trouver une solution pour cette roue totalement à plat, mais ce problème, on le verra demain. Pour le moment, on s’effondre de fatigue dans un lit au matelas trop dur, mais quel bonheur d’être de nouveau dans la civilisation. Plus jamais une expérience de ce genre.
Total : 965 km au jour 6
Infos importantes
- Repas du jour, le diner : 4,3€
- Chambre d’hôtel : 8€
Total de la journée : 12,3€
Road trip Mongolie
Jour 7 : Retour en ville
Nouvelle journée, et la dernière sur cet engin de malheur. Bon, avec du recul, je l’aime mon bolide, mais sur le moment, pas vraiment.
Il est temps de régler le problème de la roue au plus vite afin de pouvoir rentrer en ville. Certes, il y aura une route, et tant mieux, mais la journée sera longue. Il faut environ 6h pour rejoindre Oulan-Bator depuis l’endroit où nous sommes. On a trouvé un garage sans trop de difficulté (l’aide asiatique est toujours présente), mais on a quand même un peu galéré pour trouver ce qu’il fallait pour changer la roue. Le garagiste n’avait pas la bonne taille de chambre à air, et celle que nous avait donnée le loueur n’était pas à la bonne taille non plus…
Bref, 1h30 plus tard, il est temps de partir. On a carburé, y’a pas d’autres mots, haha. 6h de ligne droite à 80 km/h. Une petite pause à midi pour s’arrêter dans un restaurant de route, et ensuite encore quelques heures avant d’arriver à Oulan-Bator. La délivrance.
Fin de journée dans les bouchons de la ville. Classique, mais quel bonheur d’arriver à destination ! On se rend directement chez Cheke Tours pour rendre les motos (aucune larme n’a été versée cette fois-ci) et retour en ville pour fêter notre retour en vie ! Un repas dans un street food du quartier où nous logeons, une bière Cass (hehe) et une nouvelle nuit de sommeil à partir de 21h. On est encore complètement assommés par ce road trip en Mongolie intense et pleins de rebondissements.
En bref, quelques jours de repos et une visite de la capitale mongole. Une nouvelle aventure se prépare, à dos de cheval cette fois-ci, dans l’est du pays ! Si ça t’intéresse, l’expérience est par ici.
Total du trip : 1428 km
Infos importantes
- Repas du jour : 7,1€
- Repas du jour : 4,7€
- Repas du soir : 2, 4€
- Essence : 7,8€
- Réparation moto : 3€
- Chambre Oulan Bator : 12,1€
Total de la journée : 30€
Road trip Mongolie
Mon budget pour un road trip mongolie à moto
Mon budget total s’élève donc à 356,3€ pour 8 jours, soit 44,6€ par jour pour ce road trip en Mongolie
Cela peut paraître assez élevé pour un budget quotidien dans un pays si peu développé. Cependant, il faut aussi prendre en compte que le budget a considérablement augmenté avec les hôtels que nous avons pris au long du road trip, ce qui n’était absolument pas prévu au départ. Si tu m’as lue jusqu’ici, tu as pu remarquer que les hôtels ne sont pas forcément bon marché pour un pays d’Asie, contrairement à ceux où j’ai pu séjourner jusqu’à présent. D’autant plus que, pour certains, le rapport qualité-prix est proche de zéro (cf. jour 1).
Malheureusement, avec les conditions naturelles du pays, tu n’as parfois pas d’autre choix que de prendre un hôtel. Je dois avouer que je n’avais pas anticipé cela lors de la planification de l’itinéraire.
Si tu envisages de faire un road trip similaire, je te conseille de prévoir un « budget hôtels » pour la majorité de tes nuits afin de rester dans le positif à la fin de ton voyage, plutôt que de faire comme moi. C’est-à-dire ne prévoir que deux nuits en hôtel, persuadée que nous allions dormir à la belle étoile tous les soirs, en mode grand luxe option brume d’été haha. Erreur de débutante à ne pas reproduire : dis-toi que la pluie n’est jamais bien loin et arrive de façon imprévisible.
Mis à part les hôtels, tu verras que le reste coûte vraiment peanuts. Tu fais une grosse dépense le premier jour pour récupérer toutes tes affaires, mais une fois ceci réglé, tu ne dépenseras presque plus rien.
La location de moto + matériel ne coûte vraiment pas grand-chose puisque pour 8 jours, cela nous est revenu à moins de 20€ par personne pour la moto et tout le matériel de camping (réchaud, tente, duvet, matelas). Cheke Tours vaut vraiment le coup pour louer tout son matériel sur place, si le temps le permet.
Mais autant être honnête tout de suite, ne te réfère pas à ce budget-là pour un voyage en Mongolie en général. Tu peux t’y référer si tu prévois de découvrir la Mongolie exactement de la même manière. Par contre, si tu as prévu de la découvrir en van avec un guide (ce que je conseille), ça ne sera absolument pas le même prix. Et honnêtement, je ne peux pas te dire combien coûte un voyage de ce type, car c’était un choix délibéré de le réaliser de façon « extrême ».
Cependant, l’autre partie de mon voyage en Mongolie a été réalisée de manière un peu plus classique. Quelques jours de trek à cheval dans le parc national de Gorki – Terelj. Je te conseille d’y jeter un œil si tu veux organiser un voyage de ce genre. Pour le coup, je te le recommande vraiment car tu seras accompagné(e) par un guide qui connaît le parc comme sa poche.
Ce que je te présente ici est une aventure en totale autonomie, sans aucun prestataire à part le loueur de moto.
Road trip Mongolie
Mon experience à moto d'un road trip en mongolie
Encore une fois, quelle aventure à moto !
Comme tu as pu le lire et le voir, j’ai découvert des paysages incroyables, fous, dignes d’un film ou des plus belles images que l’on peut voir sur les sites touristiques de la Mongolie. La sensation de liberté dans cette immensité s’est vraiment fait ressentir. Pour ce qui est de se perdre au milieu de nulle part, ça, on l’a vécu ! Dormir dans des endroits au milieu de nulle part, littéralement. Mais c’était peut-être justement trop aride, trop « vide ».
Cette expérience a été folle. Dans tous les sens du terme. Dans la beauté, mais surtout dans la difficulté ++. Je ne vais pas te dire que c’était la joie pendant 8 jours avec quelques moments difficiles, c’est faux. Les zones que nous avons traversées nous ont mis dans une difficulté que j’avais rarement connue en voyage. Cette immensité et ce « vide » ont fini par peser au fil des jours. Les steppes, les paysages sont beaux, mais au bout d’un certain temps, là où nous sommes passés, c’était toujours la même chose. Sans rien autour, et je peux t’assurer que ça a vraiment pesé dans la balance de la difficulté.
Le parallele avec l'Asie du Sud est
La différence avec un road trip en moto en Asie du Sud-Est a été les rencontres et le côté humain. Honnêtement, les difficultés rencontrées étaient similaires, mais elles n’ont pas été ressenties de la même manière.
En Mongolie, tu es vraiment seul au milieu de nulle part, sans rien autour. En Asie du Sud-Est, je me suis retrouvée perdue dans des endroits inconnus, mais il y avait toujours des villages ici et là. C’est dans ces villages que j’ai vécu des moments intenses et beaux, malgré la difficulté de l’aventure. On échangeait avec les locaux, parfois très brièvement. Juste un signe de la main en passant à moto. Un coucou. Un sourire. Ça te paraîtra peut-être anodin en lisant ça, mais ça apportait de la vie. Une sorte de « soutien » dans les moments difficiles.
Je vais te donner un exemple pour que ce soit plus parlant. Un jour très difficile au Vietnam, on a passé la journée sous la pluie, frôlées par des camions — bref, l’horreur. On arrive encore sous la pluie, la nuit est déjà tombée, et très franchement, on était épuisées et agacées par cette journée interminable. Je ne sais même pas où on a atterri sur le coup, à l’entrée d’une ville complètement inconnue, mais devant notre logement réservé la veille, un homme nous attendait. Il a tout de suite compris que nous étions ses clientes du soir. Sa première réaction : nous accueillir tout sourire, « rigolant » de la situation, et nous prenant dans ses bras, comme pour nous féliciter. C’est peut-être rien pour d’autres, mais à ce moment-là, ça m’a littéralement réchauffé le cœur après cette journée pourrie. Il a pris soin de nous avec des gestes simples, comme nous apporter des gâteaux dans la chambre après notre arrivée. Sur le moment, je peux t’assurer que ça faisait du bien, et c’est ce partage que j’ai le plus aimé dans la moto en Asie du Sud-Est.
C’est exactement ce qui m’a manqué en Mongolie : rien, le néant, personne. Dis-toi qu’on a même vu des ossements d’un animal mort en plein milieu de nulle part, comme dans les films, haha. L’échange, les rencontres, même minimes, font un bien fou quand tu traverses des moments difficiles. Voir des paysages exceptionnels ou un beau coucher de soleil aide l’esprit quand c’est dur, mais en Mongolie, c’était des kilomètres et des kilomètres de terrain plat. On avançait sans fin, avec l’impression de stagner. Ajoute à ça de la pluie pendant presque tout le parcours, et c’est compliqué à gérer. Honnêtement, heureusement qu’on était deux, car je n’imagine même pas comment j’aurais fait seule.
Alors oui, c’était beau. J’ai de bons souvenirs de la Mongolie à moto, mais ce dont je me souviens surtout, c’est la difficulté dans un pays vaste et désertique. Je ne regrette pas du tout de l’avoir fait, car j’ai beaucoup appris sur moi-même et vécu une aventure incroyable avec mon binôme. Mais si je devais revenir en Mongolie, cette fois-ci, je prendrais un van avec un guide, quelqu’un qui connaît les lieux et peut t’emmener voir les plus beaux endroits, là où il y a un minimum de vie. Sérieusement, c’est à devenir zinzin de ne rien voir ni personne pendant des heures, hahaha.
Avoir un guide, c’est aussi un gain de temps. Lui, il ne se perdra pas, il connaît son territoire par cœur. C’est le premier pays où je me dis que c’est indispensable d’en avoir un.
Si tu veux te confronter à toi-même, c’est une expérience géniale. Mais prépare-toi à faire face à une vraie solitude. En totale autonomie, tu ne rencontreras pas grand monde ni n’échangeras sur le mode de vie des Mongols. Un guide, en revanche, saura t’emmener découvrir les plus belles steppes et rencontrer les nomades. À toi de voir, mais c’est une vraie aventure avec toutes les difficultés qui l’accompagnent. Après tout, quand je repense à ma soirée du jour 3 après la cascade, je me dis qu’à certains moments, toutes ces épreuves en valaient vraiment la peine.
A toi de jouer désormais.
Le mot de la fin
C’est ainsi que se termine une nouvelle expérience à moto. Elle aura tenu ses promesses, tout comme la première, en étant une aventure intense, qui nous a complètement poussés hors de notre zone de confort. C’est ce que je recherche et ce que je préfère dans ce type d’aventure, malgré les difficultés rencontrées. Mais il faut aussi savoir admettre quand on a été dépassé par les événements, face à une difficulté trop élevée. Et pour cette « saison 2 », ça l’a été. Cependant, j’ai tout de même vécu une semaine incroyable à partager avec l’un de mes meilleurs amis. Et ça, ça n’a pas de prix.
Si tu as des questions supplémentaires, n’hésite pas à me laisser un commentaire ou à me contacter via mes réseaux sociaux. Si tu as apprécié l’article, tu peux aussi me laisser une note, ça m’aide beaucoup.
A la prochaine
Cass ✌🏾